Parler de la mort aux enfants n’est pas toujours simple, parler de la mort à des enfants qui y sont directement confrontés l’est souvent encore moins et ce pour différentes raisons : parfois parce que les questions sont déconcertantes et très directes (et même ou surtout au plus jeune âge ), parfois parce que l’émotion suscitée chez soi – l’adulte qui pense devoir tout maîtriser – peut être elle-même être déstabilisante face aux plus jeunes enfants.

Une des raisons qui m’a poussée à partager sous la forme d’un conte et d’exercices pratiques notamment issus de la sophrologie et du Kintsugi mon expérience personnelle et professionnelle dans le livre “Répare mon coeur”.

Un moyen plus indirect de l’aborder et qui peut ouvrir la discussion avec l’enfant est celui du dessin animé.

Ainsi si vous êtes ou avez été confronté.e au sujet de la mort avec vos enfants, peut-être vous êtes-vous fait la remarque du nombre de dessins animés dans lesquels le personnage principal était orphelin ?

Le dessin animé est un formidable vecteur de discussion mais aussi d’identification : à travers le personnage principal, privé de l’un de ses parents, parfois des deux, il sait qu’il est en premier lieu qu’il n’est pas seul à vivre une telle situation. Point essentiel pour l’enfant qui souvent en primaire cherche à être comme ses camarades de classe et pour qui toute différence peut être une charge douloureuse à vivre et à affronter. Que le personnage principal d’un dessin animé vive la même différence renverse le sentiment d’exclusion : l’enfant peut se sentir valorisé.

De plus, que le sujet du deuil soit au coeur du dessin animé ou en filigrane, le personnage clé l’évoque et exprime ses émotions, il pose des mots, s’autorise à pleurer, à montrer au grand jour sa tristesse, l’injustice ressenti, son besoin de comprendre l’histoire de la personne disparue, d’entreprendre une quête, de se rapprocher d’elle d’une nouvelle façon.

Il est intéressant de noter que ces éléments sont ceux du chemin de deuil : exprimer ses émotions, souffrir de l’absence et apprendre à la vivre autrement en créant un lien nouveau avec celui qui n’est plus physiquement présent. Dans les dessins animés, la magie s’invite et ouvre la possibilité d’envisager un lien poétique pour l’enfant. Là encore la discussion une fois ouverte avec un adulte permettra à l’enfant d’exprimer son avis sur ce qui est proposé et éventuellement de lui demander, “Et toi, qu’en penses-tu ? Que voudrais-tu penser ?”

L’occasion également de poser (à nouveau si besoin) un cadre clair en utilisant les mots “mort.e” et non “parti.e en voyage” qui supposerait un retour possible pour définir une limite entre poésie dont il ne faut pas se priver et pensée magique qui elle peut suspendre le chemin de deuil.

Par ailleurs, quelle meilleure représentation de la résilience que ces dessins animés ? Ana et Elsa dans la Reine des Neiges qui surmonte la mort de leurs deux parents, Princesse Sarah qui affronte avec courage Madame Mangin la méchante directrice de l’école et tant d’autres. Si l’entourage de l’enfant n’est pas toujours en capacité de montrer un sursaut de vie qui puisse aider l’enfant à s’apaiser, le dessin animé lui est souvent emprunt de cette possibilité de surmonter de nombreux et difficiles obstacles, même celui-ci, et même cet obstacle compliqué par des adultes malveillants, privés d’empathie. Bien sûr il met l’accent sur les tuteurs de résilience : des adultes bienveillants, des repères, des amis, des animaux aussi qui sont fidèles et loyaux. Alors certains pourront dire oui mais c’est quand même tiré par les cheveux ? Non, il est important de se replacer dans son propre regard d’enfant sur le monde. Lui est déjà dans son imaginaire, lui donner d’autres clés symboliques qu’il pourra lui aussi vivre une vie d’aventures, d’amitiés, de joie contribue à le rassurer sur son avenir.

Voici donc quelques exemples de dessins animés et de films.